Que deviennent les déchets des poubelles de tri ?


Préambule

Dans un précédent article, nous parlions du devenir de nos déchets ménagers. Nous avons vu qu’il est important de bien séparer le ménager du recyclable, pour limiter la pollution de l’air ou des sols. Dans cet article, nous allons nous pencher sur la question des déchets dits “recyclables”.

Dans les 5R, il y a le terme “recycler”, qui est le dernier recours lorsqu’on est contraint de se débarrasser d’un déchet. Mais que deviennent nos déchets recyclables ?

Après la collecte, le tri

Une fois le contenu de la poubelle collecté par l’organisme, il est envoyé dans un centre de tri. Là on sépare les déchets dans leurs principales familles : plastiques, papiers/cartons, métaux, verres.

Ce tri peut être effectué par des machines ou par des humains. Mais il coûte des ressources en énergie ou en moyens humains. Le gouvernement tente depuis des années de faire trier à la source (c’est-à-dire par nous, qui produisons les déchets), afin de réduire ces coûts.

Les déchets triables sont ensuite acheminés vers des centres de recyclage.

Recyclage des matériaux

Nous allons maintenant parler de manière non exhaustive de ce qui se recycle.

Le verre

Le verre se recycle très bien. On peut refondre un verre à l’infini, car c’est juste un mélange de roches amorphe.

On entend souvent dire que “tous les verres ne se recyclent pas”. La raison, c’est que la vaisselle “culinaire” (verres, assiettes, carafes, …) ressemble à du verre, mais ce n’est pas du verre. C’est de la céramique, et la céramique, c’est bourré de produits chimiques qui ne permettent pas le recyclage. Donc attention ! Seuls les matériaux dits “d’emballage” sont vraiment du verre, et se recyclent (bouteilles, flacons, bocaux, …).

Dans certains discours, on entend des propos alarmiste sur la supposée dangerosité du verre, car il prend un temps considérable à se dégrader dans la nature. Oui, le verre prend du temps à se dégrader, mais il n’est ni toxique, ni volatile, et il est recyclable à 100%.

Petit bémol : la refonte du verre coûte beaucoup d’énergie. Si on a le choix, mieux vaut réutiliser une bouteille que la jeter. Et si on revenait au temps des consignes ?

Les métaux

Comme le verre, les métaux se recyclent très bien. Tous les métaux se recyclent, de la feuille d’aluminium à la boîte de conserve, en passant par la capsule de bière et la barquette de plats cuisinés. Pourtant, certains industriels recommandent de ne pas jeter le papier alu voire les barquettes au recyclage. La cause de ce rejet est le rendement faible de ce recyclage : les papiers alu sont généralement maculés de graisses et matières organiques, et après un nettoyage coûteux (le papier est friable et fragile), la quantité de matière récupérable est faible.

En-dehors du papier alu, tout métal est bon à recycler (y compris les matériaux de construction).

Même bémol que pour le verre : faire fondre des métaux coûte cher en énergie. Comme pour tout le reste, on privilégie la réutilisation quand c’est possible.

Les papiers

Les papiers, cartons et autres dérivés de bois, se recyclent un peu moins bien que les métaux et verres. Moins bien, parce qu’il y a plusieurs phases de nettoyage, qui sont coûteuses. Et moins bien aussi parce que le papier est fragile, et certaines détériorations (graisses, souillures) ne sont pas récupérables. En général, le recyclage d’un carton ne va pas redonner un carton de qualité équivalente, mais un sous-produit comme du papier hygiénique. En somme, le papier est recyclable, mais pas à l’infini.

Les plastiques

Pour ce qui est des plastiques, la capacité au recyclage est plus mitigée. Déjà le plastique se recycle plutôt mal. On a des pertes, dues au fait que “le plastique” est en réalité une grande famille de composés pétrochimiques, qui sont souvent mélangés suivant les propriétés qu’on recherche ; or chaque famille de plastique se recycle suivant des méthodes différentes (ou pas du tout). En conséquences, certains produits “faits en plastiques” ne sont simplement pas recyclables (par exemple les jouets en plastique).

Ensuite, tous les emballages plastiques ne se recyclent pas. En France :

  • seulement 65% des plastiques sont recyclables.
  • 15% sont recyclables mais pas rentables.
  • 20% ne sont pas du tout recyclables

Pourtant, depuis 2020, la consigne est de “tout mettre dans la poubelle jaune”. Pourquoi ça ? Les raisons sont multiples, mais entre autres, on cherche à établir une habitude de tri chez les administrés ; forcer à faire la distinction entre les plastiques qui se trient ou pas pourrait décourager les consommateurs et les pousser à tout jeter aux déchets ménagers.

Conséquence positive de ce choix : les usagers mettent tous les emballages dans la poubelle jaune. On évite donc le pire, qui serait d’envoyer des plastiques (dérivé de matière organique) dans les centres d’incinération (pas bien) ou d’enfouissement (pas bien non plus).

Conséquence négative : les consommateurs imaginent à tort que “tout va bien”.

Pour savoir si un emballage plastique est recyclable, il suffit de vérifier la présence de ces logos :

OK, donc tous les plastiques ne se recyclent pas. Mais alors, où vont les 35% qu’on ne sait pas recycler ?

Les 35% de plastique restants

Les pays riches exportent leurs déchets vers les pays émergents. En 2020, la Chine, alors premier pays importateur de déchets, décide de fermer les guichets. En cause, la pollution qui sévit sur son sol à cause des déchets que lui envoient l’Europe et l’Amérique, et qu’elle n’est plus en mesure de traiter.

En conséquences, les pays riches se tournent vers d’autres pays émergents : le Vietnam, l’Inde, la Thaïlande, … ce qui a les mêmes conséquences néfastes. Car ces pays ne sont pas plus en mesure que nous de traiter ces déchets plastiques.

C’est pourquoi depuis quelques années, on entend de plus en plus parler du rejet des matières plastiques pour tel ou tel usage. On cherche à éliminer les plastiques qu’on ne saura pas recycler.

Et tous les autres déchets ?

Tous les autres déchets se jettent en déchetterie. Beaucoup sont recyclables, jusqu’à 100%. Le site du sietom77 référence les types de déchets, leur valorisation et les déchetteries qui les acceptent.

Conclusion

En conclusion, du positif. Ces dernières années, il y a eu une prise de conscience sur la nécessité à recycler nos déchets. Les industries se sont attelées à trouver des solutions pour améliorer la proportion des matériaux triés, et les solutions technologiques pour les recycler.

Mais ces solutions ne sont pas parfaites, et viennent généralement avec un coût énergétique élevé, quand ce n’est un coût écologique et humain, lorsqu’on est à court de moyens. La meilleure solution reste et restera toujours de ne pas produire les déchets qu’on peut éviter. C’est bien pour ça que les 5R encouragent à ne recycler qu’en dernier recours.

Sources